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Les détails fascinants observés dans toutes les sculptures sur bois ouzbeks s’inspirent des motifs gravés présents dans l’architecture historique d’Ouzbékistan. La mosquée Juma à Khiva en est un exemple merveilleux.

Les magnifiques colonnes sculptées dans la grande cour présentent des motifs sculptés allant du XIIe au XIXe siècle, témoignage de l’évolution esthétique au cours des siècles

Les mêmes techniques ont ensuite été appliquées à une large gamme d’objets en bois, des portes ornées aux petites amulettes pour enfants. Comme d’autres arts appliqués en Asie Centrale, la sculpture sur bois était un moyen de personnaliser, d’embellir ou de donner davantage de valeur à des objets du quotidien.

Coffres à bijoux sculptés, tables basses pour prendre le thé et armoires à livres en treillage font depuis longtemps partie des pièces incontournables de la décoration intérieure traditionnelle.

La sculpture sur bois ouzbek est unique à bien des égards, notamment parce que les pièces sont taillées dans un seul bloc de bois, sans utiliser de clous. Les maîtres ouzbeks sont fiers de leur capacité intuitive à préserver l’essence même d’un arbre. Les motifs sculptés doivent révéler donc la texture et la couleur de l’arbre et ne pas altérer sa beauté naturelle.

La passion du détail

Bien avant que le maître-sculpteur ne saisisse son burin, des mois de préparation sont nécessaires. Des troncs robustes provenant d’arbres tels que l’orme, le noyer, le sycomore, le genévrier, le mûrier, la poire ou l’abricot sont soigneusement trempés dans des réservoirs spéciaux, puis parfaitement séchés, mettant en valeur les spécificités de chaque arbre. L’artiste a alors le choix entre plusieurs techniques : mettra-t-il l’accent sur son motif en éliminant soigneusement l’arrière-plan ou enchâssera-t-il le motif dans le bois ? Par exemple, une technique connue sous le nom de « haut-relief » donne de la profondeur et un effet 3D spectaculaire. Pour une pièce plus délicate comme une boîte à bijoux, par exemple, l’artisan pourrait préférer la méthode claire ou espacée du « treillage » ou de la « fenêtre ».

Variations Régionales

Au fil du temps, les traditions et écoles locales ont émergé pour mettre en valeur cet artisanat. Un sculpteur habile et créatif utilise diverses approches pour valoriser l’expressivité unique du bois.

Les maîtres de Khiva sont réputés pour la texture rugueuse de leur sculpture. Le résultat est un contraste dynamique, une tonalité extraordinaire et une sensation de mouvement tout au long des motifs sculptés.

Les boiseries de Tachkent se caractérisent par un effet de superposition qui ajoute de la profondeur à la pièce. La technique privilégiée ici est la sculpture dite à relief plat, souvent combinée avec des couleurs et du vernis.

Les sculpteurs sur bois de Samarkand ont développé un mélange particulièrement élégant, riche et organique de thèmes floraux et géométriques.

Il existe de beaux exemples tels que les portes sculptées de Samarkand réalisées au début du 20ème siècle. Une caractéristique particulière sera ici intéressante à soulever. Il s’agit des nombreux détails en métal tels que têtes de clous, supports et poignées, qui, malgré leur signification fonctionnelle, ne font en réalité partie que de la décoration.

Les sculptures ouzbeks classiques de Boukhara montrent un mélange saisissant de motifs floraux et géométriques gravés profondément dans le bois, tandis que les longues tables et tabourets décoratifs du début du XXe siècle présentent souvent une étoile à six ou huit branches.

La sculpture sur bois aujourd'hui

Bien que la production issue de ce savoir-faire complexe et exigeant ait diminué au début du 20ème siècle, certains maîtres sculpteurs ont réussi à préserver leur métier et la sculpture sur bois connaît actuellement un véritable renouveau.

Les articles plus petits tels que des boîtes ou des assiettes sculptées sont très populaires auprès des touristes qui visitent les villes historiques de Tachkent, Samarkand, Boukhara et Khiva. Les portes et piliers sculptés sont redevenus une partie intégrante des architectures publiques et culturelles.

Tout en perpétuant les traditions séculaires, les artisans n’ont de cesse d’innover. Les panneaux en majolique, les peintures miniatures et le travail du métal ont été largement adoptés par les nouvelles générations.

Mais ce sont surtout la texture naturelle du bois, le charme de la tradition ancienne et la justesse des gestes qui redonnent à la sculpture sur bois ouzbek un regain d’intérêt contrastant avec les productions industrielles.