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La légende raconte que les étonnantes couleurs et le chevauchement fascinant des motifs des tissus Ikat ont été inspirés par un arc-en-ciel divin reflété dans l’eau d’un étang. Frappé par cette vision merveilleuse, un tisserand a transposé cette image sur ses soies dans son atelier et a ainsi créé une gamme de couleurs fabuleuse.
Il est difficile de dire quand et où la technique de l’Ikat est apparue, mais une chose est sûre : elle est originaire de la légendaire Route de la Soie. Aujourd’hui, Ikat (ou Abbr comme on l’appelle en ouzbek, du « Persan » pour « nuage ») est devenu l’un des savoir-faire les plus connus d’Ouzbékistan, reconnu dans le monde entier pour sa beauté unique. De nombreuses Maisons de Couture se tournent désormais vers l’Ouzbékistan pour créer de nouveaux modèles de vêtements ou d’accessoires en soie ouzbeks. 

Les types d'Ikat

Ikat est un mot malais ou indonésien. Mais contrairement aux artisans indonésiens ou japonais qui colorent les fils de chaîne et les fils de trame, les maîtres ouzbeks de Abrbandi ne teignent que les fils de chaîne, ce qui est le secret de leur style unique et décoratif.

Des fils de coton et de soie peuvent être utilisés dans le tissage. En Ouzbékistan, les Ikats les plus délicats, sont les Shoyi en soie et les plus populaires sont les Adras.

Les vêtements pour toute la famille, ainsi que les accessoires et les articles de la vie quotidienne sont souvent fabriqués à partir de tissus Adras, tandis que les tissus Bekasam à rayures parfaitement reconnaissables, tissés à partir de fils de soie et de coton, sont généralement utilisés dans les manteaux khalat traditionnels destinés aux hommes.

Banaras, Dagif et Asklyk, entre autres, sont les demi-soieries les plus remarquables en Ouzbékistan. Ce sont les Alo Bakhmal au velours luxueux. Les motifs Abr peuvent également être trouvés sur des tissus plus simples et plus courants, à faible teneur en soie (pas plus de 15%).

Shoyi (Silk ikat)
Adras
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Motifs décoratifs

Traditionnellement, chaque région développait ses propres motifs d’Ikat ou  Abr. Les tisserands de Samarkand et de Boukhara, par exemple, ont une prédilection pour les motifs audacieux et plus précis. Ils se sont concentrés sur des formes géométriques telles que les cercles, les carrés, les losanges, les rosaces à six pétales, les motifs en forme de S, etc…

Aujourd’hui, le principal centre de tissage de la soie se trouve dans la vallée de Ferghana.

Ses maîtres artisans s’inspirent de la nature, des plantes et des animaux, tandis que les conceptions anthropomorphiques sont plus rares. Les feuilles disposées en palmettes, les fleurs, les amandes, les grenades et les pommes sont les motifs les plus appréciés.

Les objets du quotidien se retrouvent également dans les tissus : lampes, couteaux, vases ou pièces de monnaie sont assez courantes.

Matériaux, outils et techniques

L’un des instruments les plus importants dans le tissage de la soie est le métier à tisser traditionnel ou Dukon comme l’appellent les maîtres ouzbeks. Ils sont généralement fabriqués à partir de bois résistant ou dense comme le noyer ou le mûrier.

Un métier à 8 cadres utilise plus de fils de soie qu’un métier à 2 cadres, et rend le tissu plus brillant et plus coloré.

La production d’un rouleau de tissu prend beaucoup de temps et d’efforts et chaque étape est extrêmement minutieuse, nécessitant une grande dextérité de la part du maître tisseur.

En premier lieu, les fils de soie sont obtenus à partir de cocons de vers à soie ; puis enroulés sur des métiers à tisser spéciaux (Charkh), les fils sont ensuite séparés en brins fins, puis l’artiste de Chizmakash peut dessiner le motif souhaité dans le sens de la longueur.

Les fils regroupés en section sont étroitement liés ou « réservés » afin que le colorant ne pénètre pas dans toutes les sections, laissant ainsi libres pour d’autres jeux de couleurs.

Les fils sont ensuite teints. Un maître Gulabardor spécialisé trie les fils pour le tissu et les prépare pour le métier à tisser Dukon.

À ce stade, le motif complet est révélé dans toute sa splendeur et le maître tisserand se met au travail. Enfin, le tissu est finalisé avec du blanc d’œuf comme fixatif.

La soie Ouzbek fait de nouvelles percées

L’indépendance récente de l’Ouzbékistan a ouvert un nouveau chapitre pour le tissage de la soie.

Les maîtres de la vallée de Ferghana se sont donnés pour mission principale de faire revivre le meilleur des traditions des tissus ouzbeks.

Des secrets perdus, des recettes anciennes pour des teintures naturelles, des techniques ancestrales et des dessins ravissants se sont alliés aux talents naturels des maîtres locaux pour faire revivre les traditions du tissage de la soie.

Une fois de plus, des ateliers de fabrication de la soie tissée à la main rassemblent plus de mille artisans et femmes qui se consacrent à ce travail réservé aux passionnés. Grâce à plusieurs générations de maîtres talentueux, à leur goût raffiné et sophistiqué ainsi qu’à leur lignée familiale ininterrompue, les soies ouzbeks sont fièrement portées dans les rues du pays ainsi qu’à l’étranger.

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